CORSIA peut-il assécher le marché des VERs?

Annonces en cascade

Microsoft (lien ici), Stripe (lien ici), UPS (lien ici), BP (lien ici) - toutes ces entreprises ont annoncé des futurs achats de certificats de réduction d’émission carbone afin de limiter l’impact de leur activité sur le climat. Si certaines sont plus ambitieuses que d’autres (Microsoft veut devenir carbon negative ainsi que compenser toutes ces émissions depuis 1975 alors qu’UPS ne compensera que ses émissions du mois de juin), l’impact sur la demande de certificats sera significatif.

CORSIA, the elephant in the room

A cela s’ajoute le programme CORSIA (Carbon Offsetting and Reduction Scheme for International Aviation), qui doit entrer en vigueur en 2021. Piloté depuis 2016 par une agence de l’ONU (l’ICAO, International Civil Aviation Organization), son champ d’application concerne uniquement les émissions des vols internationaux, qui n’avaient pas été prises en compte lors de la COP21 de Paris.

Son ambition est simple (compenser la croissance des émissions du secteur aérien entre 2021 et 2035) mais son application pose question puisque les dernières estimations ont chiffré ce volume à 2 700 millions de tonnes de CO2. Cela représente 180 millions par an, soit deux fois la taille annuelle du marché volontaire. L’offre arrivera-t-elle à suivre la demande?

Les prévisions chamboulées par la crise du COVID 19

On en sait plus depuis mars 2020 et la publication par l’ICAO des critères d’éligibilité des crédits pour la phase pilote du programme, entre 2021 et 2023. (lien ici). Six programmes sont inclus (dont deux volontaires, Gold Standard et Verra) mais uniquement sur les vintage post 2016, soit uniquement les réductions d’émissions ou séquestrations qui ont eu lieu depuis 2016.

Forrest Trends a publié une analyse fine des volumes impliqués et se veut rassurante (lien ici). Côté offre, le nombre de certificats respectant les critères se chiffre à 386 millions. Côté demande, la phase pilote étant fondée sur le volontariat, seulement 82 des 183 pays membres de l’ICAO ont rejoint l’initiative, pour un besoin estimé à 104 millions de tonnes de CO2.

Mais, crise du COVID19 oblige, toutes ces prévisions sont remises en cause. En effet, les volumes à compenser correspondent à la croissance des émissions par rapport au niveau de référence, qui est la moyenne des années 2019 et 2020. Ceux-ci augmenteront donc mécaniquement suite à la chute du trafic aérien en 2020. Comme attendu, les acteurs qui jugent cette hausse artificielle défendent aujourd’hui l’idée d’exclure l’année 2020 du scénario de référence (lien ici).

Espérons que le 220ème sommet de l’ICAO, qui a lieu actuellement et doit s’achever le 22 juin permette de trancher la question.