Compensation carbone : les meilleures pratiques pour une compensation carbone dans les règles de l'art.

Commençons par une définition certes formelle mais qui a le mérite de la rigueur. La Commission d’enrichissement de la langue française a défini en 2019 l’expression « compensation des émissions de gaz à effet de serre » comme l’«ensemble des mesures techniques ou financières permettant de contrebalancer, en partie ou en totalité, les émissions, dans l’atmosphère, de gaz à effet de serre d’origine anthropique qui n’ont pu être évitées. ».

Le premier point essentiel à relever est que la compensation s’applique uniquement aux émissions qui ne peuvent pas être évitées. C’est seulement après avoir calculé son empreinte carbone et entrepris les efforts nécessaires pour réduire celle-ci au maximum que l’on peut compenser le solde irréductible.

Le principe sous-jacent de la compensation carbone est quant à lui assez simple : les impacts d’une tonne de carbone émise quelque part peuvent être neutralisés par la séquestration ou la réduction d’une autre tonne de carbone ailleurs. Autrement dit, la réduction d’une tonne de CO2 émise grâce à un projet d’amélioration de fours de cuisson au Rwanda a le même impact climatique qu’une réduction obtenue par un projet d’énergie propre en France. En revanche, il y a une différence majeure, celle du coût d’implémentation, largement en faveur du projet de fours de cuisson - ce qui confère à ce dernier un meilleur rendement écologique (défini comme la quantité d’émissions évitées pour chaque euro investi).

Dans la pratique, comment ça fonctionne ?

Chaque tonne de GES évitée par un projet de compensation, exprimée en Tonne équivalent CO2 (TeqCO2) est certifiée par la délivrance d’un crédit carbone. Les particuliers, entreprises, collectivités et évènements peuvent ainsi volontairement compenser tout ou une partie des émissions qu’ils n’ont pas pu réduire en achetant ces crédits carbone.

Mais attention, il existe des règles strictes à respecter pour se prévaloir d’une compensation effective.

  • l’additionnalité : c’est une évidence mais il vaut mieux la rappeler, le financement apporté par la vente des certificats doit être indispensable à la réalisation du projet ;
  • la permanence : de même, les baisses d’émissions doivent obligatoirement être pérennes (au moins 100 ans) ;
  • la mesurabilité : une méthodologie validée par un tiers indépendant du développeur de projet doit décrire exhaustivement comment la réduction par rapport au scénario “business as usual” est calculée ;
  • la vérifiabilité : un auditeur indépendant vérifie sur le terrain que les émissions sont effectivement réduites.

Le respect de l’ensemble de ces prescriptions est vérifié par des certificateurs au travers de labels. Les deux acteurs majeurs sont Gold Standard, fondé en 2003 par WWF et Verra, organisation à but non lucratif créé en 2005.

Quels types de projets sont éligibles ?

Les projets soumis à la certification sont de nature diverse. Il peut s’agir de développement d’énergies solaires et éoliennes, d’afforestation et de reforestation, de transformation de méthane en énergie propre, d’amélioration d’efficacité énergétique, etc. En l’état actuel, pratiquement toutes les activités humaines génèrent du carbone et sont donc potentiellement des gisements de réduction. Illustrons ceci avec trois exemples:

  • la construction de puits profonds dans les zones où l’eau potable manque permet d’éviter de bouillir l’eau pour la purifier…et réduit ainsi la collecte de bois et les émissions associées,
  • la livraison de fours améliorés permet de diminuer le bois utilisé par les pratiques traditionnelles de cuisson (très souvent, un foyer ouvert autour de 3 pierres, sachant que plus de 2 milliards de personnes dans le monde utilisent du bois ou du charbon de bois pour cuisiner les aliments),
  • en bâchant des décharges à ciel ouvert, on récupère le méthane (GES 30 fois plus puissant que le CO2) que l’on transforme ensuite en électricité propre.